Le Bio et ses dérives

berries.small Le Bio et ses dérivesVoici le résumé d’un reportage vu sur France 5 :
« Si beau le Bio ? ».

Où l’on découvre que l’engouement actuel pour le Bio amène son lot de dérives et de paradoxes.
Comment être sur que ce que l’on achète est bien « Bio » ?

Vaste question !


Le reportage est articulé comme suit :

- certains vendeurs contournent les règles Bio ou vendent des produits sans certificat bio
- Fraude chez certains éleveurs
- Cas de contamination accidentelle
- Le Bio européen, moins strict que le Bio français
- Plus bio que le label officiel AB : l’association Nature et progrès
- La multiplication des labels Bio privés : quelle valeur ?
- Les cosmétiques Bio : vraiment bios ?
- Fraude sur les sites de vente en ligne
- Le bio victime de son succès. quel avenir pour le bio ?

Le réalisateur nous emmène sur un marché Bio, avec des vendeurs plus ou moins crédibles. Certains ont en effet une certification « AB » (Agriculture Biologique, label officiel pour les produits légumes, viandes Bio); D’autres n’ont aucun certificat et soutiennent qu’aucun Label Bio n’existe. S’ils sont là, sur ce marché Bio, c’est la preuve que leurs produits sont bio !
Quand on voit la différence de prix pour un produit Bio par rapport à son homologue « standard », on peut se poser des questions !

Les certificats ne sont pas pour autant une garantie formelle. On nous relate ainsi le cas d’un éleveur qui a vendu pendant des années de la viande dans plusieurs départements, sous étiquette Bio, alors que sa production n’avait rien de Bio. Tous ses certificats étaient, en apparence, en règle, la supercherie a été lente à dévoiler. Comment en effet les acheteurs pourraient-ils systématiquement vérifier la véracité de tous les certificats fournis ?
Certains labels, comme Ecocert, procèdent à des contrôles inopinés. Si les cas de tricherie sont rares, les cas de contamination accidentelle sont fréquents.
Typiquement, si le voisin désherbe son champ, la parcelle bio voisine sera contaminée …

Les producteurs de volailles sont à priori soumis à des risques plus fréquents. Les céréales que l’on est obligé souvent d’importer sont fréquemment contaminées (par des pesticides ou des OGM).
Ainsi, il y a eu des cas de soja importé de chine (pour cause de production nationale insuffisante) qui se sont avérés être contaminés par de la mélamine.

Petit tour dans les grandes surfaces, qui vendent des produits Bio. L’origine de ces produits ? Italie, Argentine… Or le label Bio Européen est bien plus souple que le label Français. Europe oblige, tout le monde s’aligne… sur la contrainte la moins forte.
Le label Bio européen accepte par exemple un certain pourcentage d’OGM, ou certains traitements médicamenteux.
Le label Bio perd donc en crédibilité, et certains éleveurs le dénoncent, en refusant d’afficher le label « AB », qui a perdu de son sens en devenant un argument commercial.
Ces éleveurs qui considèrent le Bio au contraire comme une philosophie de vie, rejoignent des associations plus fermes, comme « nature et progrès », qui édicte ses propres règles et fait ses propres contrôles.

On en arrive donc à une situation assez paradoxale, où les « vrais » produits Bio n’ont pas le label officiel « AB ».
Comment le consommateur est-il censé s’y retrouver ?

Dans le domaine des cosmétiques Bio, le flou n’a plus rien d’artistique: plusieurs grandes surfaces ont leur propre gamme de cosmétiques estampillée « Bio » (dentifrice, gel douche, savon…)
Aucun label officiel n’existe (AB est réservé à l’alimentation), et donc tout est permis. pas de règles, pas de contrôles….
Ainsi, l’exemple d’un gel de douche à l’avoine « Bio », qui contient un faible pourcentage d’extrait d’avoine bio, le reste n’ayant rien de bio !. On trouve aussi des laits pour bébé ‘bio’ avec des composants allergisants…

Certains labels fixent leurs propres règles, comme le label cosmebio, qui dispose de sa charte t impose 95% d’ingrédient d’origine naturelle, et impose 10% d’ingrédient Bio. quand on apprend ensuite que les cosmétiques sont composés souvent à 80% d’eau (origine naturelle), on comprend que cette charte n’est pas des plus strictes.

En ce qui concerne les sites de vente en ligne, la méfiance semble être de rigueur. Certains vendeurs peu scrupuleux n’hésitent pas à se prévaloir de labels ou de certifications dont ils ne disposent pas.

Quel est donc l’avenir du vrai « Bio », hors le succès commercial qu’il est devenu ?

On en est aujourd’hui à 2% de terres cultivés Bio. L’objectif est de passer à 6%.
Pour cela, il faut que des agriculteurs franchissent le pas, et se « convertissent ». Processus long (3 ans) et à risque !
Si 1300 agriculteurs passent au bio chaque année, 800 abandonnent, face aux contraintes imposées et à la pénibilité du travail, pour un revenu des plus modestes. (60 h de travail hebdomadaire pour un demi smic…)
Comment leur reprocher ?

Commentaire de l’éditeur:
Le Bio est donc prisonnier de ce paradoxe : courtisé par les consommateurs qui ne veulent pourtant pas payer trop cher, il demande énormément de main d’œuvre et son prix de revient est phénoménal.
De plus, dans un monde de plus peuplé, où la productivité à outrance doit s’appliquer même en agriculture, pour nourrir un maximum de personnes, le « Tout bio » est une douce utopie.
Nous allons donc, je le crains, aller vers un clivage important :
- le grand public qui consomme « industriel », faute de moyens, en se leurrant avec des labels sans sens.
- les classes les plus aisées qui pourront se payer du vrai bio à prix d’or
- des jardiniers amateurs de plus en plus nombreux, qui cultiveront leur propre potager, comme le faisaient nos parents ou grand parents…

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